jeudi 5 janvier 2012

Le «fini-parti» des éboueurs marseillais devant la justice




Un usager a intenté une action pour faire abroger cette pratique permettant aux éboueurs d'achever leur travail quand leur tournée est terminée.



Le très polémique «fini-parti» qui permet aux éboueurs de quitter leur travail dès que leur tournée de ramassage des ordures est achevée, vit peut-être ses derniers jours à Marseille.

Benoit Candon, un avocat agissant en son nom, a déposé un recours devant le tribunal administratif de Marseille pour faire abolir cette pratique dont la cité phocéenne n'a pas l'exclusive. L'audience est prévue le jeudi 5 janvier dans le courant de la matinée. «J'agis en tant que citoyen mais beaucoup de monde me soutient car il s'agit de dépenses publiques importantes. Pourtant, la ville est sale et j'en souffre», commente-t-il.
Il a écrit à la communauté urbaine de Marseille (Marseille Provence Métropole) qui gère ce service pour lui demander d'abolir cette règle incitant les conducteurs de bennes à se prendre pour des pilotes des 24 heures du Mans, comme a coutume de railler Jean-Claude Gaudin, le sénateur maire UMP de la ville.
MPM ayant refusé, l'avocat qui a l'habitude de ferrailler avec les collectivités, a déposé un recours en annulation pour excès de pouvoir.

Une enquête de la chambre régionale des comptes a mis en lumière que le temps de travail des éboueurs était en moyenne de 3h30 au lieu du temps légal de 7 heures. Le rapport date de 2007 mais des élus d'Europe Ecologie les Verts ont fait leur propre enquête en septembre dernier, pistant eux-mêmes au petit matin les départs et les arrivées des bennes. Conclusion: la durée de travail quotidienne varie de 2 à 3 heures, mais jamais plus!

Or, souligne Me Candon, aucune délibération de la collectivité n'autorise une telle réduction du temps de travail par rapport au temps légal. Cette pratique est donc, selon lui, «illégale». «On peut admettre que compte tenu de la pénibilité de ce travail, il y ait une contrepartie mais pas dans de telles proportions!» estime l'avocat.
Cette pratique est un héritage du passé. C'est Gaston Defferre qui l'avait instituée. Jean-Claude Gaudin l'a maintenue et quand la compétence du ramassage des ordures a été transférée à MPM, rien n'a changé.

D'autant que les éboueurs sont traditionnellement colleurs d'affiches pendant les campagnes électorales. Le socialiste Jean-Noël Guérini avait promis lors des dernières municipales que, s'il était élu, il abolirait le fini-parti et règlerait le problème de la saleté en six mois. Il a perdu face à Gaudin et le socialiste Eugène Caselli qui a pris la direction de MPM ne l'a pas fait. Même s'il tente actuellement une réorganisation du service dont les résultats ne sont pour l'instant guère probants.

«Me Candon en tant qu'usager n'a aucun intérêt à agir car un usager ne peut s'immiscer dans l'organisation interne d'un service public, réplique Me Jorge Mendes-Constante, défenseur de MPM. En outre, le fini-parti n'a pas été mis en place par une décision. C'est une tolérance, un usage historique qu'on ne peut pas abroger».

Par Aliette de Broqua