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mercredi 16 octobre 2013

Samia Ghali sous le regard d'un journaliste africain.

MARSEILLE. Samia Ghali a compris qu’elle était d’abord arabe avant d’être française

Publié le oct 16, 2013 @ 11:00
Alain Jules
Samiaghali
MARSEILLE, France - C’est l’évidence même. D’ailleurs, il n’y a pas pire aveugle qu’une personne qui refuse de voir. Elle ne le dira pas mais, la pauvre Samia Ghali, 45 ans, sénatrice des Bouches-du-Rhône, l’a sans doute compris. Comment expliquer que, de la gauche à la droite, la primaire socialiste marseillaise soit aussi commentée ? Comme un seul homme, les dirigeants de gauche, de l’Elysée à Matignon en passant par le palais Bourbon ou même Solférino apportent leur soutien inconditionnel à Patrick Mennucci, qui serait le meilleur candidat à la mairie de Marseille. De l’autre côté, un autre soutien à peine voilée vient de la droite qui estime qu’il n’est pas normal d’avoir demandé à Mme  Marie-Arlette Carlotti la ministre chargée des personnes âgées, de se taire après qu’elle ait dénoncé des fraudes. Une façon de viser directement Samia Ghali.
Qui est derrière ce mic mac ?
Tout ce complot est ourdi contre Samia Ghali, qui a visiblement le tort d’être…arabe. Mariée à un français dit de souche, Franck Dumontel, un ancien directeur de cabinet du président de région puis de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, cette femme est un roc sans casserole. Alors, on veut lui faire payer le comportement des autres. Comment en serait-il autrement ? Tous en choeur, ils ne veulent pas voir une femme, la première fille d’immigrés, prendre une mairie importante, celle de la 2e ville de France. Native de Bassens au nord de Marseille, elle fait peur. Son franc-parler, face à l’immobilisme gouvernemental ne passe pas. Alors, quitte à perdre encore une fois la mairie de Marseille, la gauche est prête à la sacrifier et va parvenir à le faire.
Vous avez dit communautarisme ?
C’est étrange de voir la sénatrice Samia Ghali être accusée de…communautarisme. Ceci, parce que son électorat viendrait des quartiers nord de Marseille. Mais, c’est un aveu, qui prouve bien que les immigrés sont parqués dans des zones difficiles où, juste quelques caïds font la loi. Justement, par la démission des Gouvernements, de gauche comme de droite. Samia Ghali n’avait-elle pas réclamé l’armée pour rétablir la paix dans ces zones ? Pourquoi s’étonner que ces gens-là, les laissés-pour-compte, votent pour elle ? Ah, les bus ! Quoi de plus normal ? Il faut arrêter l’hypocrisie parce que, le vrai communautarisme vient justement de tous les perdants qui se sont ralliés sous injonction de l’Elysée à la candidature de Patrick Mennucci. Je n’ai rien contre ce dernier qui est d’ailleurs un ami sur Facebook.
Tous contre Samia Ghali !
Avant la primaire socialiste, une campagne scérélate avait déjà commencé contre cette femme. C’est le site Mediapart qui ouvrait les hostilités en faisant un rapprochement de la sénatrice avec Jean-Michel Guérini et Sylvie Andrieux, deux élus en pleine déconfiture. Pour le premier, président du conseil général, mis en examen pour "prise illégale d’intérêts", "trafic d’influence", "association de malfaiteurs" et "détournement de fonds publics", elle a le tort d’avoir été proche de lui. Mais, est-elle aussi poursuivie ? Non. Pire, en lui cherchant des poux sur la tête, elle est accusée de népotisme car, ses proches auraient bénéficié de postes ou de subventions. Elle aurait aussi couvert de pelouses synthétiques des terrains dans les quartiers nord. Certains oublient visiblement qu’elle était, en 2004, vice-présidente du conseil régional aux sports, à la jeunesse et à la vie associative et par conséquent, elle n’a que bien fait son travail…
Une gauche paternaliste et raciste.
Il ne faut pas se voiler la face. La gauche utilise ceux et celles qu’elle estime être des "immigrés" juste pour lui apporter des voix. Elle ne veut pas en retour que ces gens puissent eux aussi penser à un destin politique. Elle veut contrôler leur vie, leur vote, leur destin.  Le noir alibi et l’arabe alibi avalent des couleuvres jour et nuit et se taisent, que ce soit à l’UMP ou au PS. Moqueries et quolibets sont leur lot quotidien. Samia Ghali, qui veut casser cette doxa aura bien du mal, à moins que le peuple dise NON. Non à Paris, qui veut faire de Patrick Mennucci, son champion à Marseille. Il faut que les marseillais prennent leur destin en main…

Samia Ghali portrait




Samia Ghali : l’enfant des quartiers nords courageuse ... mais qui bénéficierait du soutien discret de JN Guérini  ...
Accusée de clientélisme et de fraude par Carlotti, elle se défend vigoureusement.




. Portrait.

Samia Ghali en juin 2013. (SIPA)
Samia Ghali en juin 2013. (SIPA)

Samia Ghali  crée la surprise en arrivant en tête du premier tour, de la primaire PS à Marseille.

(Article publié dans "le Nouvel Observateur" du 8 juin 2013)
Elle est brute de décoffrage. Une pasionaria tendance pitbull. Certains, à Marseille, la surnomment "l'Indomptable". A 44 ans, Samia Ghali, mère de quatre enfants, n'en finit pas de surprendre le monde politique local. Quand, à la fin de l'été 2012, la sénatrice des Bouches-du-Rhône a lancé son cri d'alarme pour les quartiers Nord et appelé l'armée à la rescousse pour lutter contre les dealers, on a cru à un feu de paille. Elle était une étoile filante médiatique, propulsée sur tous les plateaux de télévision, chez Thierry Ardisson ou Michel Denisot.
Une tocade de quelques mois. La lumière allait forcément s'éloigner d'elle. D'abord, croyaient les barons du PS, parce que les Marseillais n'étaient pas prêts à voter massivement pour une femme d'origine maghrébine. Trop foncée, Samia ? Son pedigree politique aurait dû les inciter à la prudence. La dame n'est pas une midinette. Elle milite au Parti socialiste depuis 28 ans ans. C'est une de ses professeurs, alors qu'elle n'avait que 16 ans, qui l'a emmenée dans une réunion de section. Depuis, elle n'a jamais quitté sa nouvelle famille, ni abandonné le seul secteur qui la passionne : le terrain. Samia l'anti-rond-de-cuir.

Au chevet des jeunes 

Dans les 15e et 16e arrondissements, les plus durs, les plus violents, ceux des quartiers Nord, elle a fini par emporter la mairie de secteur, en 2008. La plus pauvre de toutes. "Je gère une commune de 100.000 habitants, s'insurge-t-elle, et j'ai deux euros de budget pour chacun d'eux." Comment s'en sortir ? En réduisant les dépenses inutiles, les sauteries, les banquets, les cérémonies des voeux.Samia Ghali joue les fourmis. Elle grignote partout, serre les vis, avec une priorité absolue : les enfants et leurs mères. Elle lance des cours de piano pour les "minots", à cinq euros par mois. Surprise : ils sont plus de 600 à s'inscrire.
Les ados ne sont pas oubliés. Au pied des barres de HLM, elle crée Secteur 8, une Star'Ac pour gamins défavorisés, avec concours de chant, danse et poésie. Bingo ! Ils sont près de 900 à participer. Le 9 juin, place de la Mairie, ils seront des milliers pour la remise des prix. Pour la Journée de la Femme, en 2012, elle récupère des affiches de films célèbres, qu'elle détourne. Les têtes des actrices sont remplacées par les femmes du quartier. "Toutes des héroïnes !", revendique-t-elle. Démago, Samia ? Elle s'en moque. Elle trace sa route, persuadée que son destin est devant elle. Qui mieux qu'elle peut représenter cette ville mosaïque, aux 100 communautés ?
Elle, la Française d'origine algérienne qui a tout connu, la solitude de l'enfance sans père, les copains balayés par la "poudre", la découverte de la politique, l'installation des caïds à deux pas de sa mairie, a l'ambition clouée à ses escarpins. Son rêve : sortir cette cité-monde de ses peurs et de sa torpeur. Elle se racontait dans une biographie, "la Marseillaise", parue en juin 2013. Extraits.

Elle est abandonnée à l'âge de six mois par son père

"Je ne connais pas mon père. Il est reparti là-bas, a fondé une autre famille, a délaissé ma mère. Enfant, je ne pouvais pas aller rendre visite à Kaïs : on m'aurait interdit de repartir. Ma mère ne voulait pas prendre ce risque. J'ai donc grandi avec un père biologique déserteur. C'est une plaie béante, jamais cicatrisée : la place du père, devenue vide, est la cause de problèmes sans fin. La délinquance se nourrit de cette absence. L'histoire est pourtant banale : ma mère s'est mariée à 19 ans, avec un cousin éloigné, et je suis arrivée très vite. Mais le mariage a été malheureux : cet homme jouait aux cartes, buvait, vivait la nuit. A peine rentrés, les quelques sous du foyer partaient en fumée.
Mais, à cette époque, il n'était question ni de se plaindre ni de se rebeller. Très vite, ma mère s'est retrouvée dans l'incapacité de me nourrir, même avec le strict minimum. Cette mauvaise vie a duré six mois et j'ai failli mourir. Bien plus tard, j'ai appris que je devais ma survie à mon grand-père et à mon oncle qui, venant rendre visite à ma mère, m'avaient retrouvée complètement violette et inanimée. Ils m'avaient immédiatement emportée à l'hôpital, où les médecins avaient diagnostiqué un cas de malnutrition grave. Une infection s'était déclarée et l'asthme s'était installé. Le verdict a été dur : transfusion et traitement pendant deux ans au grand air de la montagne, du côté de Briançon. Mon grand-père avait interdit à mon père de nous approcher, ma mère et moi. Je n'ai plus jamais revu mon père.

A l'adolescence, son amoureux succombe à une overdose

Dans les années 1980, j'avais un fiancé, Christophe. C'était le fils de nos voisins. J'avais 16 ans, et je le connaissais depuis l'enfance. Il avait été adopté et sa nouvelle famille était une exception dans notre univers : une mère française et un père arabe. Nous étions tout le temps ensemble. Avec notre petite bande, Lila, Lidjia, Jean-Marc, Mohamed, Louis, Dominique, Fatima, Nabil, nous courions dans les prés depuis toujours. Parties de foot, rigolades folles, camping sauvage... C'était la cité. Nous avions notre coin, que nous avions baptisé : le Rond. Ce n'était rien, à peine un carrefour, situé dans mon nouveau quartier, où j'avais atterri avec ma mère et ma nouvelle famille : Campagne-Lévêque. [...] Pendant toutes ces années d'adolescence, nous avons été inséparables.
Il était mon amoureux, mon copain, mon ami, mon frère, mon complice, mon confident. Nous avons tout partagé, les joies, les peines, les galères, les peurs, les rigolades. Nous étions les mêmes, des écorchés vifs de la vie, mais de joyeux rebelles. Mais lui a sombré. Lui aussi, comme tant d'autres, a été happé par cette malédiction de la drogue. J'ai lutté de toutes mes forces. J'ai essayé de résister. J'ai tout tenté pour le faire décrocher. Mais j'ai perdu. Nos chemins se sont séparés dans la peine et la douleur. Je ne pouvais accepter de le voir se détruire devant moi. Il est mort deux ans plus tard d'une overdose. C'est le plus gros échec de ma vie. Dans ces moments, j'ai compris ce qu'était l'impuissance. Pendant longtemps, Christophe a hanté mes nuits.

Gaudin face au bagout de Ghali

Un jour, j'interviens sur le manque de logements sociaux. [...] Il y a plus de 35.000 demandes en attente. Je lui explique qu'il faut construire plus de logements sociaux et mieux les répartir sur toute la ville. [ ...] Gaudin me dit :'Madame Ghali, si vous trouvez qu'il manque de logement social, donnez le vôtre.' Il sait très bien que je n'habite pas dans un logement social et que j'ai la chance de vivre aujourd'hui dans une maison sympa. A croire que si on est né dans la misère, on est condamné à y rester. [ ...] Sa réponse est à côté de la plaque. Elle est méchante, en plus. Je vois rouge : "Vous avez bien raison, Monsieur le maire. Mon logement, les Marseillais l'accepteraient avec plaisir, je pense. Mais le vôtre, non. Car c'est à Marseille qu'ils veulent habiter et pas à Saint-Zacharie. Soit à 35 kilomètres de notre ville !
[ ...] Mes anecdotes avec le maire sont nombreuses. Je ne sais pas pourquoi, il aime me titiller. Sans doute parce que je lui réponds. Une autre fois, en plein conseil, alors que j'interviens sur un dossier, il me coupe la parole et me dit : 'Madame Ghali, vous avez une très belle jupe.'
Il n'aurait pas dû. La réponse, du tac au tac, est vive : 'Monsieur le maire, si ma jupe vous plaît tant que ça, je suis prête à vous la prêter. Le seul problème, c'est que vous aurez un peu de mal à ajuster le tour de taille.' [...]"
Serge Raffy -