dimanche 29 août 2010

MARSEILLE 2012, Capitale mondiale de l’eau.

MARSEILLE 2012, Capitale mondiale de l’eau
Deux objectifs  : Faire face à la crise mondiale de la ressource,
légitimer des acteurs économiques du secteur et des savoir-faire



La France et Marseille accueilleront en mars 2012 au Parc Chanot, la 6ème édition du forum du Conseil mondial de l’eau. Cette décision est intervenue l’année dernière.

Le Conseil Mondial de l’eau (CME), qui se dit responsable de l’avenir de l’eau dans le monde, en a-t-il les moyens et la légitimité ? Nous pouvons en douter, comme le souligne justement Jean-Luc Touly Directeur de l'eau de la Fondation France Libertés D Mitterrand

Il est présidé par des dirigeants d’entreprises privées du secteur de l’eau et réunit une partie des acteurs, sans réelle légitimité. La présence d’ONG et quelques agences onusiennes comme UN-HABITAT n’en font pas une organisation intergouvernementale représentative. À titre d’exemple, lors du dernier Forum Mondial de l’Eau à Istanbul en mars 2009, ce Conseil a refusé d’entériner la notion de droit à l’accès à l’eau. Pas d’illusions, le CME est comme l’OMC, un organisme privé pour la défense d’interets privés.

Des conférences réuniront des chefs d’Etat, des ministres, parlementaires, autorités locales et la société civile. Une foire et une exposition (matériels, expériences, techniques, etc.) seront complétées par des forums, des animations et des rencontres impliquant des jeunes, des associations, etc. Voilà pour la vitrine de ce forum, mais leurs objectifs profonds ne sont pas de promouvoir une meilleure gestion de la ressource pour la planète et les générations futures ou son accessibilité pour tous. Il s’agit de conquérir de nouveaux marchés et d’étendre l’implantation des multinationales du secteur.

La Secrétaire d’Etat à l’écologie, Chantal Jouanno déclarant pour sa part « se tenir vigilante sur la question du droit à l’eau, qui doit être reconnu comme un droit fondamental de l’être humain, dans tous les pays du monde ».Cette déclaration faisait écho à une récente résolution de l’ONU adopté mercredi 28 juillet 2010 pour qui L'accès à l'eau devienne un droit essentiel. Voilà pour les bonnes intentions déclarées qui nous le savons trop bien ne suffisent pas ...

Une crise majeure de l’eau annoncée, sinon déjà existante.

La pandémie de désertification qui sévit dans bien des contrées et qui ôte toutes les qualités perméables des sols, tout comme un usage inconsidéré de l’eau du monde occidental et le surpompage agricole responsable de l’affaissement des nappes aquifères, constituent un faisceau de cause qui concourent à créer une future crise de l’eau déjà bien amorcée en certains pays .

La planète est déjà assoiffée alors que plus d’un milliard de personnes n’a toujours pas accès à l’eau Potable et que les pauvres en arrivent en arrivent à toujours payer plus cher l’eau en bidon que le riches ne l’obtiennent au robinet. Pollution chimiques (pesticides, engrais, déchets non traités), pollution bactériennes, microbiennes (choléra, hépatite, paludisme ) contaminent les cours d’eau et les réserves d’eau douces des nappes phréatiques.

Dans les pays du sud, on estime à plus de 80 % les maladies et à plus de 30 % les décès liés à la pollution de l’eau, selon une récente étude publiée aux Nations unies.

A moins de changer totalement notre manière de gérer cette ressource, les dégâts seront incommensurables dans un avenir proche, tant pour la planète que pour ses habitants.

Les acteurs industriels privés (Veolia, Suez, etc.), principaux partenaires du CME, se proposent de relever de tels défis ou d’y contribuer, mais la pression des marchés dont ils dépendent, est-elle compatible avec une indispensable vision long terme, de ce bien commun de l’humanité ?

Leurs gestions dans nos villes, en France, en Europe, permettent d’en douter. L’exigence d’une gouvernance mondiale émerge.

Le Forum c’est aussi un enjeu économique majeur, un modèle économique contesté dans nos villes.

A Marseille, le contrat de délégation de service public, confié à la S.E.M (Société des Eaux de Marseille, filiale des groupes privés Veolia et Suez) arrive à son terme le 31 décembre 2012 pour l’assainissement et le 31 décembre 2013 pour l’alimentation en eau.

Les écologistes et d’autres veulent rompre avec ce modèle typiquement français, qui entraîne un prix de l’eau plus élevé qu’en régie publique, opacité, mauvaise qualité de l’eau, aucun intérêt financier à réduire la consommation d’eau des habitants, abus de position dominante … Paris et plusieurs autres villes françaises ont déjà franchi le pas, ne renouvellent pas leurs contrats avec ces entreprises et font le pari de revenir à une gestion publique et plus démocratique de l’eau.

Ce sera précisément le thème du film « Water Makes Money » diffusé en avant-première le 23 septembre 2010 à Marseille aux Variétés, en présence du réalisateur Peter Kleinert, ainsi que dans d’autres villes françaises, allemandes et européennes.

Nous ne manquerons pas de revenir sur cet évènement prévu pour mars 2012, un Forum alternatif de Marseille devrait également s’en mêler …